Produits laitiers : la consommation se tient

Prix de la poudre de lait écrémée (en €/t)

Les prix des produits laitiers se maintiennent

En février, Les prix européens de la poudre de lait écrémé se situent à leurs niveaux de 2023 avec une légère tendance baissière. Ils sont inférieurs à 2022 mais au-dessus de la moyenne 2019-2021 (2 300 €/t). Le prix du beurre reste à un niveau élevé à 5 400 €/t largement au-dessus de la moyenne 2019-2021 (3 800 €/t) et a tendance à remontrer depuis un mois. La tendance baissière du mix beurre poudre européen semble enrayée.

Plusieurs facteurs se combinent pour expliquer cette situation : 

Une demande mondiale qui se maintient en beurre et permet à l’Europe de se positionner. Ce n’est pas le cas sur le marché de la poudre de lait écrémée avec une demande chinoise en forte baisse sur le dernier trimestre 2023. 

La collecte laitière européenne baisse au second semestre 2023 tirée par le repli de tous les grands pays producteurs à l’exception de la Pologne et de l’Espagne. 

Cette tendance baissière de la collecte se retrouve dans tous les pays exportateurs à l’exception de l’Australie qui avait eu une année 2022 catastrophique. 
Les exportations européennes vers pays tiers sont en hausse de 6 % en équivalent lait sur les 11 premiers mois de 2023 après une année 2022 en fort retrait. Toutes les catégories de produits exportées par l’Europe sont en hausse sur une année. 

Contrairement à certaines filières végétales, le secteur laitier européen est peu concurrencé par les importations en provenance d’Ukraine qui restent limitées. 

En France, une collecte en recul et des prix du lait qui baissent

La collecte française accentue sa baisse mensuelle au fil des mois (-4,9 % en décembre 2023 par rapport à 2022) pour aboutir à -2,7 % en cumul sur l’année 2023 (contre une stabilité européenne sur même période). La production baisse en raison d’un recul constant du cheptel et des stratégies des laiteries.

Le prix du lait payé aux éleveurs français est désormais repassé sous son niveau de 2022. Il atteint 486€/1 000 litres en décembre, soit 5 % de moins qu’en décembre 2022. Sur les 12 derniers mois, la hausse est encore de 6 % en France (décembre 20233) contre 14 % en juillet 2023. 

Baisse des coûts de production. L’indice des coûts de production laitière est en baisse depuis le mois de novembre 2022. En décembre 2023, la moyenne mobile des 12 derniers mois est toute proche de celle de l’année précédente, contre + 11 % six mois plus tôt. Ceci s’explique par le reflux des coûts de l’aliment et des engrais. En moyenne mobile sur 12 mois, la hausse des charges reste compensée par celle des produits. La baisse des prix du lait depuis le début de l’année dégrade la marge lait mensuelle. Sur 12 mois, la marge lait moyenne dépasse encore de 52 points (indice 152) la marge moyenne de la période 2007-2019 (indice 100).

La collecte en Normandie est en légère baisse (-0,2 % sur l’année 2023 par rapport à 2022. La Normandie est la région dont la collecte décroche le moins). Les prix aux producteurs en Normandie baissent depuis le mois de janvier pour atteindre 473 €/1000 litres en décembre (- 9 % par rapport au pic de décembre 2022 - prix réels source enquête mensuelle laitière).

Les achats des ménages stables malgré la hausse des prix

En France, les volumes de produits laitiers vendus en magasins sont stables (-0,1 %) en total équivalent lait sur les 12 derniers mois (source Circana) ce qui correspond au niveau de 2019. Les achats sont variables selon les produits : -2.1 % pour le lait liquide, - 0.9 % pour les matières grasses laitières, -0,4 % pour les desserts lactés, + 0,9 % pour le fromage libre-service et +3.2 % pour la crème. Dans le même temps, les prix au consommateur ont progressé de 6,2 % pour « les produits laitiers et les œufs », contre + 5.6 % pour les produits alimentaires dans leur ensemble (source Insee).

Alors que la collecte de lait produit en agriculture biologique est en baisse depuis le mois de mars 2023, les produits laitiers biologiques sont de plus en plus délaissés par les ménages. A ce stade, les ventes de produits laitiers bio se sont fortement rétractées, de 24 % pour l’ultra frais et jusqu’à 37 % pour les fromages, en trois ans. (Sources Cniel / IRI).

^{Service Économie, Veille & Prospective
Direction Innovation Recherche Développement}

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